Avertissement :  cet article est une traduction, à des fins de références futures, de quelques chose que j’ai publié aujourd’hui sur divers réseaux sociaux puis repris sur mon blog anglophone, et non un contenu original. J’écrirai peut-être très prochainement un billet beaucoup plus développé concernant ce que je pense actuellement de The Satanic Temple et de Lucien Greaves. Je réagissais aujourd’hui à l’échange de tweets ci-dessous (selon moi fort malheureux), relatif aux allégations portées par TST contre Netflix et la série The Chilling Adventures of Sabrina :

 

Questions relatives au droit d’auteur mises à part, je pense qu’il s’agit là d’un des aspects les plus troublants de l’affaire TST / Sabrina: cette façon de mettre sur le même plan une représentation un peu sinistre du satanisme par une série TV et des persécutions bien réelles de religions vraiment opprimées. Et quelle arrogance de réagir de façon insultante à cette critique, quelques jours après le pire massacre antisémite sur le sol américain.

Je trouve l’utilisation ici faite du concept de « satanisme présumé » pour le moins fort douteuse, et j’estime qu’il est important de distinguer entre l’accusation de satanisme, qui est ancienne, et l’existence de groupes qui s’identifient comme satanistes, qui est beaucoup plus récente (la toute fin du XIXème siècle, si j’en crois Ruben van Luijk dans Children of Lucifer, The Origins of Modern Religious Satanism (OUP, 2016)).

Un exemple pour expliciter mon propos: les yézidis ont été et sont toujours lourdement persécutés parce qu’ils ont été et sont toujours considérés, à tort, comme des satanistes. Cependant, il s’agit de leur souffrance et de leur histoire, et nous ne pouvons nous les approprier sous le prétexte que nous nous considérons pour notre part comme des satanistes.

De façon similaire, ce n’est pas parce que l’accusation de satanisme, en Occident, a souvent été utilisée à tort pour persécuter de nombreux groupes que nous pouvons , en tant que satanistes, prétendre hériter d’une histoire de persécutions comparable à celle des Juifs.

Nous pouvons ressentir de l’empathie pour les victimes, utiliser notre identité sataniste pour lutter contre l’aliénation sociale et politiques de personnes et de groupes de personnes, mais au bout du compte, nous n’étions pas les victimes.