Avertissement: la première partie de ce billet compile une enfilade de tweets que j’ai publiés il y a peu sur mon compte @Darth_Manu. La seconde, plus longue, est par contre inédite.
Disclaimer: toutes mes excuses aux magiciens, astrologues et occultistes qui me liraient pour les éventuelles inexactitudes de mon texte. N’hésitez pas à corriger en commentaire.
1) Réaction d’humeur à un énième commentaire superficiel des succès relatifs de l’occultisme dans la société contemporaine:
« En rupture totale avec une lecture rationnelle de la société » : sans nier évidemment que la pratique de la magie ou de la divination a des aspects irrationnels, cette formule ne m’inspire guère confiance dans la conception de la « rationalité » mis en œuvre derrière le paywall.
Comme si la société se divisait en deux blocs hétérogènes, l’un rationnel et l’autre irrationnel. Comme si on n’avait pas des agrégés de philo antivax et complotistes (j’en connais), des sorcières ou des occultistes qui tentent de lutter contre la fraude médicale en leur sein ou de mener (très sérieusement) une réflexion éthique sur leur pratique (astrologie incluse) , des zététiciens complotistes etc. Sans dire que tout se vaut (et je viens de mentionner les antivax ou une certaine conspiration née sur 4chan qui ne valent pas grand chose) je ne crois pas que la plupart des occultistes que j’ai pu lire ou rencontrer sont signicativement plus en rejet de la rationalité que le reste de la société. Ils le dont plus explicitement peut-être sur des domaines très précis.
Ça m’interroge sur la perception sociale de l’irrationnel. Il me semble qu’il y a des irrationnels diversement acceptés socialement, certains scandaleux (astrologie, magie) et d’autres acceptés ou loués (certaines croyances religieuses « classiques « , ou inversement des jugements « rationnels » à l’emporte pièce et fondés sur du vent du genre « la religion c’est avoir un ami imaginaire « ). À mon avis le débat sur le rôle et la place de l’irrationnel dans la société est beaucoup plus complexe que la simple opposition science /superstition, et c’est à mon sens l’intérêt de ce mouvement visible de sorcières de le montrer.
Soit dit en passant, on parle souvent de la visibilité de l’occultisme ou de l’ésotérisme comme d’un symptôme de transformations sociales et politiques, mais à quelle époque n’y-a-t’il pas eu de courants occultistes influents et féconds en parallèle des savoirs acceptés.
Pour reformuler : il me semble qu’on associe trop souvent acceptation académique (ou sociale dans le cas de religions anciennes) et éthique. Alors qu’on peut être professeur des universités ou évêque et être dans l’imposture et l’hypocrisie, et astrologue ou magicien et foncièrement engagé dans des questionnements éthiques. Et vice versa évidemment, mais je pense qu’ y compris sans remettre en cause aucun consensus scientifique, ce constat (à mon avis) change beaucoup de chose: Le champ d’expertise d’un magicien ou d’un astrologue (de même que celui d’un exorciste par exemple) n’a pas à être accepté comme scientifiquement équivalent à celui d’un scientifique. Il n’en résulte pas qu’un scientifique est par définition plus honnête, rigoureux et bienveillant dans sa pratique disciplinaire qu’un astrologue un magicien ou une sorcière (ou qu’un prêtre d’ailleurs). Et heureusement vu le comportement de certains PU ou PUPH.
2) Tentative d’explication de ce qui peut amener aussi des personnes intelligentes et cultivées (et d’autres aussi de manière très respectable) à l’occultisme :
Quand je lis les condamnations habituelles de l’occultisme, de la divination, de la magie comme de la « superstition », de la « fraude », de la « pseudo science », j’ai l’impression que ces « rationalistes » ont une vision extrêmement simple de la question : soit on est un magicien, un sorcier, un astrologue sincère, et clairement on manque de connaissances scientifiques, voire de moyens intellectuels. Comment en effet adhérer sincèrement à des pratiques et systèmes de pensée si constamment et définitivement réfugiés par la science ? Soit, à l’inverse, un magicien, un sorcier, un astrologue dispose indubitablement de connaissances scientifiques et de moyens intellectuels, et alors forcément il ne peut être que du côté de la mauvaise foi, de la fraude, de la tromperie, soit par volonté de gloire ou d’enrichissement personnels, soit par idéologie.
Comme certains m’attendent déjà au tournant : je clarifie immédiatement un point important.
La lecture du livre d’Egil Asprem The Problem of Disenchantment. Scientific Naturalism and Esoteric Discourse 1900-1939 ( SUNY Press 2018) m’a, au jour d’aujourd’hui, convaincu que toutes les tentatives à ce jour de donner une légitimité scientifique aux pratiques occultes, soit sur le terrain expérimental (parapsychologie) soit en tentant de spiritualiser la démarche scientifique (occultisme) ont échoué et que cette situation risque d’être durable (même si l’auteur, comme indiqué, ne va pas au delà de 1939 dans ses analyses).
Je pars donc du principe que que dont il va être question dans les lignes suivantes, la magie et la divination, n’ a pu être prouvé scientifiquement jusqu’ici, ne peut probablement pas l’être à ce jour et ne le sera peut-être jamais.
Doit-on pour autant en conclure qu’il est impossible d’avoir pleinement conscience de cet état de fait et de persister à trouver un intérêt sincère à ces pratiques ?
Je reviens un instant sur ma comparaison, dans la 1ère partie de cet article, entre pratiques occultes et croyances religieuses « classiques « .
Quand j’étais catholique, et comme l’immense majorité des croyants de toutes sortes, je ne considérais pas ma foi comme une croyance abstraite et intellectuelle en une entité surnaturelle, mais je l’appuyais sur une multitude d’expériences spirituelles empiriques: la fréquentation des sacrements, les « clins Dieu », les « motions de l’âme » des exercices spirituels ignaciens, les ressouvenirs des « fruits spirituels » d’une retraite etc.
Est-ce que l’existence de Dieu, la résurrection des morts, les miracles de l’Esprit Saint sont des vérités scientifiques communément admises de nos jours ? Bien évidemment non.
De même, non seulement on peut considérer ces expériences spirituelles empiriques comme illusoires, mais ça a manifestement fini par être mon cas, puisque j’ai fini par apostasier publiquement et devenir sataniste.
Pour autant, sont–elles ridicules et ne convainquent-elles que des esprits faibles et ignorants ? Il est banal que des esprits scientifiques reconnus, qui suspendent dans l’élaboration de leurs travaux leur foi, y retournent aussitôt ceux-ci interrompus ou achevés, et puisent dans de telles expériences un cadre, un sens et un réconfort pour leur vie personnelle.
Il me semble qu’il existe dans la pratique de la divination et de ma magie des expériences empiriques analogues, pas davantage prouvées scientifiquement, mais selon moi pas plus ridicules ou méprisables.
Aleister Crowley fait typiquement partie de ces occultistes qui ont tenté de spiritualiser la science et de donner une légimité scientifique à l’occultisme. Il est d’ailleurs question de lui dans le livre d’Egil Asprem. En cela je considère qu’il a échoué.
Cela dit, outre son influence considérable sur l’occultisme au XXème et au XXIème siècle, certains de ses textes me paraissent utiles pour illustrer ce que je tente de montrer.
Let us say, once again, that the magical language is nothing but a convenient system of classification to enable the magician to docket his experiences as he obtains them.
Yet this is true also, that, once the language is mastered, one can divine the unknown by study of the known, just as one’s knowledge of Latin and Greek enables one to understand some unfamiliar English word derived from those sources. Also, there is the similar case of the Periodic Law in Chemistry, which enables Science to prophesy, and so in the end to discover, the existence of certain previously unsuspected elements in nature. All discussions upon philosophy are necessarily sterile, since truth is beyond language. They are, however, useful if carried far enough — if carried to the point when it become apparent that all arguments are arguments in a circle.10)
But discussions of the details of purely imaginary qualities are frivolous and may be deadly. For the great danger of this magical theory is that the student may mistake the alphabet for the things which the words represent.[…]
Now there is a traditional correspondence, which modern experiment has shown to be fairly reliable. There is a certain natural connexion between certain letters, words, numbers, gestures, shapes, perfumes and so on, so that any idea or (as we might call it) “spirit”, may be composed or called forth by the use of those things which are harmonious with it, and express particular parts of its nature. These correspondences have been elaborately mapped in the Book 777 in a very convenient and compendious form. It will be necessary for the student to make a careful study of this book in connexion with some actual rituals of Magick, for example, that of the evocation of Taphtatharath printed in Equinox I, III, pages 170-190, where he will see exactly why these things are to be used. Of course, as the student advances in knowledge by experience he will find a progressive subtlety in the magical universe corresponding to his own; for let it be said yet again! not only is his aura a magical mirror of the universe, but the universe is a magical mirror of his aura. (Magick livre 4, III)
Je rappelle que Crowley s’appuyait sur la théorie frazerienne de la magie qui s’appuie sur une interprétation caduque de la fonction des correspondances et de la sympathie dans celle-ci. De même que je ne pense pas que le type d’expérimentation moderne à laquelle il fait référence, celle du praticien de l’occulte dans ses recherches sur les correspondances entre planètes, lettres, nombres, couleurs etc., soit fiable au sens où une expérience scientifique reproductible et contrôlée est fiable.
Il reste (« of course, as the student advances in knowledge by experience he will find a progressive subtlety in the magical universe corresponding to his own; for let it be said yet again! not only is his aura a magical mirror of the universe, but the universe is a magical mirror of his aura ») qu’ainsi exprimé, et cela me parait correspondre à ce que j’ai pu constater de lectures, de connaissances, ou d’expériences personnelles, l’intérêt, pour ainsi dire, pour des pratiques magiques, divinatoires ou plus largement occultistes, ne nait généralement pas d’une « croyance » ou d’un a priori inébranlable, mais d’une multitude de petites confirmations empiriques qui finissent par former une totalité de sens (à partir d’une prise de position parfois sceptique: le « stage liminal » évoqué par Christopher Partridge).
En ce sens, le passage suivant du livre d’Aleister Crowley Le Livre de Toth (son livre sur le tarot), me parait tout à fait éclairant;
One might take, by way of an analogy, the game of chess. Chess has developed from very simple beginnings. It was a mimic battle for tired warriors; but the subtleties of the modern game-which have now, thanks to Richard Reti, gone quite beyond calculation into the world of aesthetic creation-were latent in the original design. The originators of the game were « building better than they knew » It is of course possible to argue that these subtleties have arisen in the course of the development of the game; and indeed it is quite clear, historically, that the early players whose games are on record had no conscious conception of anything beyond a variety of rather crude and elementary stratagems. It is quite possible to argue that the game of chess is merely one of a number of games which has developed while other games died out, because of some accident. One can argue that it is merely by chance that modern chess was latent in the original game. The theory of inspiration is really very much simpler, and it accounts for the facts without violation of the law of parsimony »
J’étais tombé l’an dernier sur le thread, manifestement peu informé, d’une féministe manifestement hostile aux aspects occultisants du mouvement « sorcières », qui expliquait l’attrait pour l’astrologie par un e sorte de solution de repli paresseuse par rapport au travail et à la complexité propres à la recherche astronomique. Je pense au contraire que , vraie ou fausse, bonne ou mauvaise, c’est précisément sa complexité et sa technicité qui rend si intéressante aujourd’hui, comme avant, l’astrologie pour ses adeptes. L’infinie complexité, pourtant clairement ordonnée et hiérarchisée, du jeu des signes, des maisons, des planètes, de leurs « aspects » (les angles) et tant d’autres interactions encore plus subtiles, confirmée empiriquement par l’analyse des thèmes, est ce qui emporte (ou parfois non), l’adhésion, plutôt qu’une quelconque « croyance » de principe.
J’ai récemment assisté à un workshop en ligne, très intéressant et professionnel, pour débutants sur l’astrologie. La formatrice, en réponse à la question d’une participante relative à cette complexité, répondait qu’on pouvait approfondir l’interprétation d’un thème à l’infini.
En ce sens, chacune des petites ou plus grandes confirmations empiriques de la pratique astrologue ou taromancienne, sans qu’aucune soit irréfutable ou satisfaisante facement à une critique rationnelle stricte, font sens du point de vue de la vie au jour le jour des personnes concernées, au sens où elles semblent se vérifier mutuellement (ma formatrice disait qu’une même tendance se manifestait de manière multiple dans un même thème), et dresser un tableau (un thème) cohérent (peut-être faux mais du moins convaincant) d’une vie à l’instant t.
A mon avis, de manière analogue, et non similaire (rappel: l’analogie est un rapport qui unit une ressemblance et une différence); aucun « clin Dieu », aucune motion de l’âme ne sont des « preuves recevables scientifiquement » mais néanmoins la tapisserie de leurs coïncidences fait sens à un grand nombre de personnes (parfois dans des contextes qui parlent à toutes et tous, en bien et en mal: les malades graves en pélerinage à Lourdes, par exemple), et parait ridicule à d’autres, (ayant fait l’aller retour dans les deux sens, je ne saurais proposer de critère supérieur de choix de vie).
Bien sûr, on peut être tenté de rapprocher cette séduction pour la cohérence et cette complexité internes de celles des théories du complot. Et certes, il existe existe de nombreux occultistes fascinés par ces dernières, de même que la plupart des conspirationnistes que j’ai pu rencontrer sont fascinés par l’occultisme, parfois à leur corps défendant.
Il me semble cependant qu’il s’agit de deux processus de pensée distincts, même si bien sûr ils peuvent être conjoints chez un même individu.
Par définition, le complotiste estime que cette complexité est délibérément dissimulée par des sources de savoir établies et hégémoniques. Il opère en conséquences une double démarche d’hyper critique de celles-ci et de veille, souvent beaucoup plus bienveillante sinon naïve par principe de tout ce qui peut les contredire ou en montrer les limites (en ce sens, les défenseurs du complotisme qui l’assimilent au simple esprit critique se trompe, puisque son problème est précisément de ne pas appliquer ce dernier uniformément).
Cette façon de faire est bien sûr présente chez certains occultistes en guerre idéologique contre « la modernité « , le « rationalisme » ou autres, ou particulièrement soucieux de « prouver » leur vision du monde et leurs pratiques contre la science communément acceptée, de même d’ailleurs que chez des esprits beaucoup plus « rationnels » mais semblablement motivés idéologiquement.
Il me semble que beaucoup d’autres occultistes ont une approche beaucoup plus empirique et pragmatique de leurs convictions et pratiques, et se réservent le droit de vérifier et d’expérimenter de façon critique leurs expériences, de les corriger les unes par les autres, de les faire évoluer ou de les sélectionner par le prisme de leur conscience et de leurs par ailleurs connaissances scientifiques. Et de fait, par exemple, les sorcières ou astrologues très critiques des tentatives d’application médicale de leur art existent, de même que de nombreux chrétiens rejettent certaines pratiques charismatiques du type guérison par la prière.
De la même façon que pour les traditionalistes catholiques ou les fondamentalistes protestants, il me semble que l’enfermement idéologique hors du réel ne nait pas du fait de l’intérêt ou même de la fascination pour un ensemble cohérent d’expériences non rationnelles, mais quand celui-ci devient une totalité qui ne souffre aucune exception ni remise en cause, à la manière de ce qu’est devenue pour certains la doctrine catholique, ou un bouclier politique contre « le monde moderne ».
J’ai cité la pratique du tarot ou de l’astrologie. Une autre source d’expériences surnaturelles empiriques courante réside dans la pratique de la méditation et de la visualisation en vue de créer des états de transe et de conscience alternative, qui constitue depuis là encore Crowley un préalable indispensable à la pratique de la magie, dont la pratique quotidienne est recommandée par la plupart des personnes et organisations qui enseignent cette dernière, et qui peut a contrario des expériences que j’évoquais précédemment fasciner par la simplicité qu’elle permet d’entrevoir:
C’est la simplicité que je tiens pour la plus précieuse. Est-ce que ce n’est pas les choses les plus simples du monde qui sont les plus parfaites, les plus pures, les plus innocentes et leurs propriétés les plus merveilleuses? Ainsi la simplicité est-elle source de sagesse. La sagesse est exactement bonheur. Austin Osman Spare, Zos-Kia Le Livre du ¨Plaisir, Camion Noir, 2016, p. 89, trad. Irena Mahault).
Bien sûr, celle-ci présente un risque important d’autosuggestion. J’ai d’ailleurs discuté avec un ancien thélémite (la religion fondée par Crowley) qui avait autrefois l’impression d’avoir vécu d’authentiques expériences spirituelles, et qui est devenu sceptique après avoir souffert, du fait d’une condition médicale avérée, d’états hallucinatoires plus convaincants et réalistes encore.
Il reste que la spiritualité chrétienne rend possible également de telles démarches d’autosuggestion, y compris les formes les mieux acceptées intellectuellement comme l’oraison ignatienne. En prendre conscience a d’ailleurs largement contribué à tuer nette mon ancienne foi.
Pour autant vais-je dire à toutes les personnes que je connais, pour beaucoup beaucoup plus réfléchies et bonnes que moi, que ces expériences dont elles tirent réconfort, assurance et une assise et un cadre pour leur vie qu’elles ne sont qu’illusions? Même si elles sont pour la plupart capable de l’entendre, et d’autant plus parce que, cela me semblerait présomptueux de remettre en cause l’ensemble de leur parcours, de leur vision du monde et des expériences et choix qui les ont nourries et fait croître pour une raison aussi générale et hypothétique. J’ai changé d’avis sur ce type d’expériences: peut-être que l’illusion est de mon côté et que je changerai encore d’avis. J’observe la même règle face aux occultistes de ma connaissance.
Lors de la réaction de ce billet, j’ai vu passer une série de tweets qui semblaient se moquer de l’importance particulière accordée par l’astrologie à l’heure et au lieu de naissance dans la vie d’un individu. Outre que la plupart des astrologues contemporains que j’ai pu lire ou entendre sont clairs sur le fait qu’ils ne considèrent l’astrologie que comme un déterminisme comme un autre, j’ai toujours considéré ce genre de critiques faussement fondamentales comme un peu bébêtes. Je pense que la plupart des astrologues (ou magiciens ou autres) ne prétendent pas tout expliquer ou justifier dans leurs pratiques, ni éluder leurs zones d’ombres théoriques, et se contente de constater que « cela marche » pour elles, et qu’elles leur apporte des techniques ou une grille de lecture qui leur permet de donner davantage de sens à leur vie et de la diriger de façon plus structurée et assurée. De manière à mon sens analogue, la plupart des croyants, même très formés intellectuellement, les plus ouverts ne passent pas leur temps à essayer de prouver scientifiquement l’existence de Dieu ou la résurrection des morts, et savent aussi bien accepter le fait de leur ignorance que se contenter de ce que leur foi leur apporte. Dans ce contexte, les paradoxes et memes par lesquels certains militants athées tentent de montrer a priori semlent rapidement devenir lourds et à côté de la plaque.
Enfin, l’argument en quelque sorte « ultime » est souvent de rappeler que la pratique de la magie et de la divination est propice à toutes sortes de manipulations et d’embrigadements sectaires. Ainsi, Daria Marx me semble-t-il, en réaction à je ne sais quelle affaire d’organisation féministe qui avait proposé un atelier de tarot, rappelait sa propre expérience de « lecture à froid » lors de tirages de cartes. Il est certain que ce genre de pratiques existent, et je connais même un tarologue (et sceptique) sataniste qui en a fait un livre.
De même que par exemple, l’accompagnement spirituel catholique, qui est fait sérieusement et respectueusement dans certaines congrégations (la compagnie de Jésus) donne lieu à des manipulations et des phénomènes d’emprise et de harcèlement très graves dans d’autres, et notamment semble-t-il dans les communautés nouvelles. De manière plus générale, de tels phénomènes d’emprise sont attestés dans tous les milieux où des enjeux forts de pouvoir se nouent entre individus, y compris les milieux universitaires, et pas seulement dans ceux enclins à « l’irrationnel « .
Pour mémoire, l’organisation la plus sectaire dont j’ai jamais fait partie, le Temple Satanique, se distingue précisément dans le milieu satanique par sa revendication d’un rationalisme sans ambiguïté et son refus de l’occultisme.
Pourtant, des réactions telles que ci-dessus me semblent suggérer que ce qui est ailleurs considéré comme de l’ordre de l’accident (au sens aristotélicien du terme: l’emprise ne découle pas de la définition d’une congrégation religieuse ou d’un milieu universitaire, même si elle peut y avoir des raisons structurelles) serait dans le milieu occultiste de l’ordre de l’essence, au sens où les gardes fous envisageables ailleurs y seraient par nature impossibles et contraires à son objet. Cela me paraît toujours postulé, jamais démontré.
Tant dans l’article de Charlie Hebdo mentionné initialement que dans certaines réactions sur les réseaux sociaux évoquées ci-dessus, on perçoit l’irritation et l’incompréhension face à l’enthousiasme d’une partie de la gauche militante pour l’astrologie, la magie et l’occultisme, qui n’a pourtant rien de nouveau. Je trouve cette réaction (et l’analyse qu’elle implique de cette résurgence) superficielle et paresseuse. J’y reviendrai dans un futur billet.
Pour conclure, Hobbes écrivait qu’on est libre dans le silence des lois. Et certes tout ce qui est permis n’est pas bon. On pourrait dire aussi, et certains rationalistes, dans des livres hostiles à l’occultisme, le concèdent avec quelque condescendance: dans le silence de la science chacun peut croire ce qu’il veut. Et certes, on peut tout à fait dire (et je le dis moi-même) que tout ce qui peut se dire ou se croire de non rationnel ou d’irrationnel dans ce silence n’est pas forcément équivalent en raison. Mais on sort alors de l’objectivité scientifique pour rentrer dans le débat moral. Autant le poser franchement et objectivement: est-il intrinsèquement moins bon ou davantage immoral de pratiquer la magie ou l’astrologie que de ne pas le faire?
Bonjour. Merci pour cette réflexion intéressante. Perso en ce moment mes croyances sont en longue pause de point d’interrogation mais peu importe toujours est t’il que je trouve ta réflexion intéressante. Un point : réels ou non mes « amis imaginaires » m’ont sauvé la vie purement et simplement et à partir de là…est ce que ça compte que croire en eux soit rationnel ou pas? Quelle genre de connasse ne croit pas en ses amis pour prolonger le fil de ta réflexion morale.
Bizarrement il me semble que l’on est bien plus « fixiste » faute d’un meilleur terme sur la différence entre rationnel et irrationnel pour mettre le premier en « bien » et le second en « mal » que par le passé, l’éloge de la folie par la raison est bien loin en 2020 c’est ça que j’entends par là. Pour les complotistes (le mot recouvre un champ de gens assez vaste mais je vais vraiment juste prendre la lunatic fringe en mode fan de David Icke pour faire plus simple sinon ça risque d’être long) souvent on a cet espèce de mépris typique de la gauche « intello » en mode « bah ils doivent être cons pour croire à ça » et c’est une paresse intellectuelle trop facile. Bon ok ça m’arrive aussi parce que l’envie de passer 1h à décortiquer pourquoi les reptiliens ont fort peu de risque d’exister avec quelqu’un de convaincu du contraire me semble un gaspillage d’énergie assez vain vu que ça ne fera que plus le renforcer dans ses convictions mais de là à les rejeter complètement, ils ont pas des réponses des plus solides mais au moins ils se posent des questions et j’aime bien ça et puis aussi quand je vois ce que certains subissent ridicule, humiliation voir pire juste pour « mal penser » je me dis que ça ne mène à rien de bon (et oui je sais c’est dangereux pour les gens fragiles leurs théories mais j’en fais partie et je vois pas à quoi servent les amendes et tout à part les convaincre encore plus que le gouvernement en a après eux car ils seraient dans le vrai, je pense que c’est mieux de parler à ces gens même si ils sont fatigants c’est toujours mieux de pouvoir faire face à la contradiction pour eux mais aussi pour nous…le fameux « c’est pas car je suis parano que je ne suis pas poursuivi » a du sens après tout surtout avec toutes les mesures en effet liberticides sans grand intérêt qu’en ce moment on nous pond).
Je crains bien que le milieu scientifique en majorité rejette tout ce qui est « magie » au sens large tout simplement car c’est pas son domaine et c’est plus facile de le mépriser que de n’admettre n’en avoir aucun contrôle d’autant que c’est un monde à prédominance féminine et Bon Dieu (ou Satan Trimégiste si c’est plus l’ambiance par ici) que les « savants » ont la frousse des femmes et de l’énergie féminine (je parle d’expérience à les avoir fréquenté tout en étant pute de métier par choix ce qu’ils n’admettront jamais surtout que j’ai préféré ça à une carrière dans la recherche dont j’avais les capacités intellectuelles ce qu’ils ont jugé incompréhensible…inadmissible je dirais plus précisément), ils craignent la féminité mature et potentiellement désirante à un point où…c’est…ridicule. Pas très gentil de ma part peut être mais vrai. Ou du moins mon sincère sentiment. Il y a que les puceaux qui réagissent comme eux face à une belle femme en jolie tenue. Désolée mais c’est vrai. De base me fier à une rationalité scientifique incapable d’articuler un mot face à un simple décolleté…pardon mais ça va m’être difficile.
On me parle de science comme fondée sur l’expérience et l’observation et les deux m’ont appris
que le monde scientifique est irrémédiablement misogyne et au nom de la science impose bien des choses destructrices pour la Terre, les animaux, les femmes…la dernière fois qu’on devait soit disant les croire sur parole le Covid n’était pas dangereux et les masques servaient à que dalle je rappelle…dans ces conditions que les gens se défient du vaccin n’est pas si « complotiste » ce me semble la dernière fois que les mêmes autorités leur ont dit tout va bien se passer ils se souviennent du résultat de s’y être fié. Alors est il rationnel de croire à tout prix en « la science » comme une vérité absolue? J’ai mes doutes.
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