L’un des membres du management de The Church of Rational Satanism, Ben Dean, par ailleurs auteur de Uncover Satan, Recover Thyself: A rational Satanic Recovery, vient de publier sur le site de son organisation une critique des sept principes fondamentaux de The Satanic Temple. Il a souhaité, sur le groupe facebook des membres de la CoRS avoir le retour critique de ceux qui sont également membres de The Satanic Temple, qui sont apparemment relativement nombreux et dont je suis. Dont acte.
Pour faire court, non seulement je suis en désaccord avec son texte, mais je pense que l’approche qu’il a choisie pour argumenter ses divergences, en elles-mêmes respectables, avec The Satanic Temple sont méthodologiquement défaillantes. Pour autant, certaines réactions du côté de The Satanic Temple me semblent également quelque peu excessives et injustes, et je tenterai d’expliquer à la fin de ce billet pourquoi je reste attaché à ma double appartenance.
Le contenu de sa critique des 7 tenets est en gros le suivant: il commence par les passer systématiquement en revue, l’un après l’autre, en leur reprochant d’énoncer des principes vagues, ambigus et/ou arbitraires. Il reproche également aux membres de The Satanic Temple de faire fréquemment exception pour eux-mêmes à ces principes, et de ne donc pas vivre suivant les valeurs qu’ils se sont choisies pour eux-mêmes. Il donne ensuite son « opinion », de manière quelque peu impromptu, sur ce que leurs actes révèlent réellement d’eux-mêmes et de leur organisation, et qui n’est guère flatteur (je détaillerai plus bas). Enfin, il leur reproche de n’inclure aucune référence à Satan ni au courant littéraire du Satanisme Romantique, dont ils se réclament pourtant par ailleurs, dans cette liste de principes, et de manquer de « textes officiels » et de « travaux collaboratifs ».
En clair, il leur reproche leur superficialité doctrinale et leur hypocrisie.
Petite remarque préalable: cet article comme un certain nombre d’autres sur le site, comporte un certain nombre de fautes typographiques: je ne jette pas la première pierre, étant moi-même coutumier du fait (exemple: le présent billet, sans aucun doute). Mais concernant le site officiel d’une organisation religieuse, peut-être serait-il préférable de désigner quelqu’un pour éditer les articles et dépister les fautes d’anglais, si ce n’est déjà le cas. D’autant qu’un membre de TST qui a déjà publié une critique de l’article, sur le blog The Devil’s Fane, s’en est donné à coeur joie dans le pointage des coquilles.
Le coeur de ma propre critique peut se résumer ainsi: je trouve que Ben Dean tombe dans le piège de la méthode hyper critique.
Selon l’article qui lui est consacré sur Wikipedia, elle peut se définir de la manière suivante:
La méthode hypercritique est une méthode d’argumentation consistant en la critique systématique ou excessivement minutieuse des moindres détails d’une affirmation ou de ses sources1. Elle se distingue de la pensée critique qui est une utilisation de la raison ayant pour finalité d’affiner et de préciser les affirmations sans chercher par principe à les décrédibiliser.
Il est bien sûr tout à fait normal et légitime d’adopter une attitude critique face aux idées ou actions de TST, The CoRS ou toute autre organisation, au sens où l’on a être attentif à leurs présupposés, les arguments qui les motivent, leurs éventuels non dits ou contradictions. Le problème de la méthode hyper critique n’est pas qu’elle est critique mais qu’elle procède uniquement à charge, de manière biaisée et sans attention au contexte.
Ainsi, Ben Dean reproche au premier tenet de s’appuyer sur des termes vagues tels que « empathie » ou compassion ». Pour illustrer son désaccord, et apparemment pour montrer le caractère complexe et faussement évident des mots employés, il renvoie à un article de blog écrit par un enseignant chercheur d’un département d’informatique, qui s’interroge sur la définition de l’empathie, de la sympathie et de la compassion à partir de la théorie des jeux. Que le FAQ du Satanic Temple renvoie explicitement à la théorie des jeux dans sa conception de l’empathie semble lui avoir tout bonnement échappé.
C’est quand même tout bonnement incroyable !!!
Personnellement, je le dis tout net: je refuse désormais de prendre au sérieux toute critique de l’emploi par TST des concepts d’empathie et de compassion qui ne fasse pas l’effort préalable d’au moins un tout petit peu essayer de commenter cette phrase de son FAQ, qui certes n’est pas « les 7 tenets » mais est tout autant un texte officiel:
« To that end, we reject LaVeyan social Darwinist rhetoric that fails to agree with what is currently known regarding social evolution, specifically as it relates to research in evolutionary biology, game theory, reciprocal altruism, cognitive science, etc. »
L’un des reproches des membres de The CoRS au TST est de manquer de fond doctrinal et philosophique : il me semble qu’il y a pourtant là de quoi faire.
Les critiques suivantes sont à l’avenant:
Ben Dean semble considérer qu’une empathie « guidée par la raison » est synonyme d’une empathie prisonnière de l’arbitraire d’individus ou d’une organisation. Il est regrettable que divers membres de The CoRS aient choisi de faire très peu de cas de la réponse (très) critique du blog The Devils Fane et de n’y voir que de la « prétention » (je soupçonne certes l’auteur de surjouer le ton universitaire de son texte pour marquer la distance avec l’organisation qu’il critique), tant le paradoxe qu’il relève (un sataniste « rationaliste » qui ne semble avoir aucune confiance en la raison pour donner des pistes de discernement et dégager un consensus) est une objection très forte au texte de Ben Dean, qui frôle parfois un relativisme axiologique (« qui définit la justice? » etc.) que d’aucun pourrait qualifier d’irrationnel.
A de nombreuse reprises, face à des mots ou des phrases polysémiques, l’auteur choisit de ne retenir que l’interprétation la plus défavorable possible, sans aucun égard pour le contexte.
Ainsi, il semble voir dans l’utilisation du mot « noblesse » dans le 7ème tenet une allusion à sa connotation aristocratique et hiérarchique, alors que son sens de « grandeur d’âme » semble beaucoup mieux approprié à l’esprit général de la phrase considérée.
Il semble percevoir dans la second tenet l’expression d’une tendance autoritaire et anti démocratique de la hiérarchie de TST, qui s’estimerait au dessus des lois. Mais n’est-ce pas précisément la signification de la démocratie que de considérer que les lois ne sont pas des absolus, mais qu’elles peuvent évoluer suivant la volonté du peuple et un certain nombres de principes supérieurs concrétisés par la constitution, les traités internationaux etc. ?
Mais il souligne que les dirigeants de TST ne sont pas élus (de même que ceux de toutes les organisations satanistes dont j’ai connaissance, au passage). Cet argument parait inapproprié: ce ne sont pas eux qui décident des lois, et les membres de TST sont libres de « voter avec leurs pieds », comme on dit en France, et de quitter l’organisation si elle ne répond plus à leurs valeurs.
Il suggère que le 3ème tenet trouve ses limites dans certains cas. Ainsi certaines formes extrêmes de psychoses ou d’addictions, qui manifestent une abolition du discernement, peuvent mener à l’internement. Je peine à voir en quoi cela contredit le tenet critiqué, qui présuppose la présence d’un tel discernement individuel (aussi, puisque nous aimons tous la philosophie, pourquoi ne pas lire Michel Foucault sur ces questions, sans nier les questions soulevées par certaines pathologies?).
Etc. etc. J’ai encore beaucoup de choses à dire et je ne passe pas tout l’article en revue, mais je suis prêt à y revenir dans les commentaires.
A propos de la remarque sur l’absence de référence explicite dans les tenets au satanisme romantique et à la Révolte des Anges; une autre page, tout aussi officielle, du site, a longtemps défini La Révolte des Anges comme le canon de TST, et ce texte y reste indiqué comme une lecture primordiale. Si un terme aussi connoté religieusement ne suffit pas à convaincre Ben Dean de la place de cette oeuvre, et du satanisme romantique de manière générale, dans l’inspiration de TST, je ne vois pas quoi faire de plus, à moins de convaincre les responsables de chapitres de coudre sur leur peau des pages d’oeuvres sataniques romantiques.
J’avoue ne pas comprendre le commentaire final sur l’absence de textes officiels et de travaux collaboratifs précis: les entretiens de responsables dans la presse, les textes du site qui vont bien au delà des « tenets« , la vie (et la mort) des différents chapitres, me paraissent autant d’éléments « jurisprudentiels » qui donnent corps, qu’on s’en réjouisse ou non, à la doctrine de TST. Enfin, que sont la formation de chapitres ou l’organisation d’actions publiques sinon des travaux collaboratifs?
En clair, aucun des arguments de l’article ne me convainc en soi, et je pense que la substantifique moelle de son contenu est à chercher du côté de ses non dits.
Pour commencer par le plus superficiel : les conflits d’ordre personnel.
Or donc, en octobre dernier, dans un contexte de piques diverses et variées entre membres de TST et diverses organisations satanistes laveyennes, les responsables du chapitre TST du Royaume Uni et la direction de The CoRS décidèrent d’un commun désaccord de se rentrer dans la figure. Plus précisément, il semble que les premiers, lassés par les critiques incessantes de seconds sur diverses pages Facebook, ont décidé de mettre clairement le problème sur la table et de leur demander des comptes. J’ai à l’époque eu une longue discussion privée, sereine et constructive, avec Lee Banks, Ben Dean et la femme de ce dernier, et ils avaient l’air sincèrement surpris. J’ai l’impression qu’ils ont une forme de culture personnelle qui dissocie les conflits idéologiques et les relations personnelles (c’est aussi assez mon cas, mais je comprends tout à fait qu’il en aille autrement pour un certain nombre d’autres personnes, notamment très investies dans des causes militantes). Ainsi, Lee Banks, qui n’a jamais caché son hostilité au Satanic Temple, connait depuis mon premier jour dans son organisation (quelque part en janvier 2016) ma double affiliation, et ne m’a jamais créé de problèmes là-dessus. Ben Dean, par contre, semble avoir longtemps eu de la sympathie pour TST. Mais à partir du moment où les relations entre les deux organisations ont commencé à devenir très compliquées, les lien d’amitiés et le rôle qu’ont joué les livres de Lee Banks dans la lutte victorieuse qu’il a mené contre l’alcoolisme, qui est le sujet de son livre, ont pesé de tout leur poids. Sans être d’accord sur le fond avec son texte contre TST, c’est quelque chose que je comprends et respecte sur le plan humain.
Je l’ai dit à de nombreuses reprises à divers membres de The CoRS, et je n’ai jamais eu l’impression de convaincre, mais je pense que le coeur du désaccord repose sur des divergences politiques (je suis pour ma part totalement du côté de TST sur les questions que je vais évoquer maintenant). Même si Ben Dean semble se considérer comme assez à gauche, je vois une trace de ces divergences dans le paragraphe suivant de son texte:
« In my opinion their actions show them to be childish fools upset and acting out at the more dominant religion in their countries, namely Christianity, as they seem to be very sympathetic towards most others if they mention them at all. »
Je lis ici une allusion à l’initiative de feu le chapitre de Minneapolis en décembre 2015 d’accompagner des musulmans qui se seraient sentis en danger dans les transports en commun, qui avait scandalisé tant de satanistes, et avait été désavouée par TST, mais qui a été l’élément déclencheur de ma « conversion » au satanisme. J’y vois aussi une allusion au fait qu’un des intervenants des pages de TST est ouvertement musulman. De manière plus générale, ce reproche de s’en prendre à la religion « dominante » semble faire écho à la vieille tradition laveyenne de défense de l’ordre sociale et d’une société « stratifiée. Ce qui illustre à mon sens combien le satanisme laveyen est dès ses origines éminemment politique (si le darwinisme social et la stratification ne sont pas des concepts politiques, je ne sais pas ce que veut dire le mot « politique ») et que si ses partisans ont l’impression d’être apolitiques, c’est que l’hégémonie de certaines positions disons, bien à droite, y est tellement forte qu’elle en devient invisible, « naturelle ». En ce sens, je pense que bien loin d’introduire le fait politique dans le satanisme, TST contribue dans une certaine mesure à l’en dissocier, en rendant possible la présence d’une pluralité d’identités politiques satanistes à l’échelle d’organisations de premier plan. Et je pense que c’est ce qui irrite tant de satanistes « old school ». Ainsi, difficile de ne pas lire dans certaines invectives lancées contre l’auteur de l’article sur The Devil’s Fane (« girls« , « cunts« ) une allusion délibérée et dépréciative aux combats féministes et LGBT menés par divers membres de TST. Au passage, bien loin d’illustrer une attitude « rationnelle », ce genre de réactions , de l’extérieur, donnent l’impression de personnes un peu dépassées par les réactions qu’elles ont déclenchées, et qui se réfugient dans l’insulte et la provocation pour garder la face, ce qui est tout de même un peu triste. Enfin, je manque de données vérifiables, mais je ne serais étonné pas qu’un rapprochement des positions personnelles des membres de TST UK et de the CoRS avec les votes sur le Brexit montre des tendances de fond qui placent chacune des deux organisations d’un côté différent des forces en présence.
Enfin, l’une des objections les plus fréquemment lancée par des membres de The CoRS à TST est de ne pas avoir de « philosophie », c’est-à-dire, semble-t-il, de concepts et de texte doctrinal propres. A ce sujet, j’ai toujours pensé que Lee Banks se retrouverait très bien dans la définition deleuzienne de la philosophie comme invention de concepts, s’il ne la connait pas déjà. C’est une définition que, personnellement, j’aime beaucoup, mais qui est aujourd’hui très contestée par les philosophes universitaires. La tendance de fond semble plutôt privilégier l’usage d’un langage le plus ordinaire et le plus clair possible. Il convient au passage de remarque que l’un des philosophes les plus immenses de la philosophie occidentale, Descartes, doit une partie de sa notoriété à sa décision d’abandonner le vocabulaire technique de la pensée scolastique pour s’exprimer avec des mots ordinaires et en posant ses questions d’une manière compréhensible par le non spécialiste (en fait, sa langue est tellement limpide qu’il est très facile de passer à côté des problèmes philosophiques qu’il soulève, et j’ai, au cours de mes études ressenti beaucoup de difficultés à le comprendre). En ce sens, il est faux, du point de vue de l’histoire des idées, de présumer que, parce qu’un discours ne s’appuie pas sur des concepts techniques et un corps de doctrine explicite, il manquerait de profondeur.
Voilà pour ma critique du texte de Ben Dean et de ce que me paraissent être ses présupposés. Passons maintenant à ce qui m’a mis mal à l’aise dans les condamnations qu’il a suscitées de l’autre côté. Mes objections sont de trois ordres:
- La première cible précisément l’auteur du blog The Devil’sFane: un petit tour sur un moteur de recherche m’a confirmé ce que laissait entendre son billet: à savoir qu’il s’agit d’un universitaire, spécialisé en linguistique. A ce titre, il a été manifestement piqué au vif par l’étiquette « rationaliste » que ses adversaires du moment se sont attribués, et il a manifestement décidé d’éprouver celle-ci au crible des attentes qui sont celles de son milieu professionnel. Si je rejoins un certain nombre de ses remarques, il me semble pourtant qu’il sombre lui-même parfois dans une forme d’argumentation exclusivement à charge, qui somme le satanisme rationaliste de se justifier d’affirmations et d’objectifs qui ne sont pas les siens. Ainsi, il m’a objecté dans les commentaires de son article que la « pensée 90%/10% » ne correspondait pas aux connaissances universitaires actuelles en matière de psychologie. Puis il a ironisé sur son caractère « révolutionnaire » quand un autre membre de The CoRS s’est jeté dans la mêlée. Il me semble pourtant qu’en proposant ce concept, Lee Banks ne tente pas de faire autorité sur des questions scientifiques. Il me semble que le but de ses ouvrages est de proposer une réactualisation de la Bible Satanique d’Anton LaVey qui sorte à la fois du dogmatisme de the Church of Satan et des interprétations occultisantes, tout en se construisant une sorte de marge pour laisser vivre en son sein la possibilité de divergences d’interprétations. Je lis en ce sens la « pensée 90%-10% » comme une métaphore qui permet de affirmer une forme de préférence méthodologique pour les interprétations athées et rationalisantes du satanisme laveyen, sans fermer complètement la porte aux satanistes qui sont intéressés par l’occultisme. Je comprends parfaitement qu’en ces temps de montée de l’irrationalisme et de la contestation politique organisée de vérités scientifiques, la question soit très sensible. Il me semble cependant qu’au regard du texte dans la continuité duquel il souhaite explicitement s’inscrire, et qui est la Bible Satanique, Lee Banks , non seulement ne manque pas aux attendus minimaux (la Bible Satanique n’étant pas vraiment non plus un travail universitaire) mais qu’il effectue un travail tout à fait méritoire de mise à plat des problèmes qu’elle soulève et d’élaboration de reformulations qui permettent à un maximum de satanises laveyens de s’y retrouver, sans leur demander de renoncer à leurs convictions profondes. Je regrette son rejet manifestement viscérale de TST, mais je reconnais son souci constant de fonder une doctrine sataniste, dans les limites laveyennes, pluraliste et adaptable, et pour cela il a tout mon respect.
- Ce qui m’amène à ma deuxième objection. Personnellement, je suis attaché à l’idée qu’entre la recherche universitaire et la simple opinion, il existe tout un continuum. Que des individus, sans être formés sur le plan universitaire, sans qualifications particulières dans les domaines sur lesquels ils s’expriment, peuvent s’efforcer de poser des problèmes qu engagent leurs convictions les plus profondes, de les coucher sur le papier avec leurs mots, parfois inhabituels, et d’essayer de dégager des solutions. A vrai dire, ma très modeste formation universitaire en philosophie fait que j’y suis viscéralement attaché. Il me semble que, par exemple, Lee Banks a refusé de se laisser bercer par le confort dogmatique de the CoS, qu’il a tenté de pointer un certain nombre de problèmes dans la pensée laveyenne, et de construire par lui même une pensée et une organisation qui y réponde, et qui envisage (cf The Futureproof Evolution) l’hypothèse de sa potentielle obsolescence propre. C’est quelque chose que je respecte infiniment par principe. Toujours. Ca ne le dispense pas de devoir faire face à la critique de ses idées, de même d’ailleurs que les universitaires les plus reconnus. Mais j’ai du mal à faire grief à quelqu’un de s’efforcer de penser par lui-même, parfois en dehors des cadres établis.De manière plus générale, en tant que membre d’un petit groupe d’importateurs en France des idées de TST, je me vois mal affirmer d’un côté, face à l’Eglise catholique, ses cathédrales, ses artistes, l’impact de ses théologiens sur la pensée occidentale, que le satanisme, avec son demi-siècle d’existence, ses blogs et ses quelques livres souvent en auto-édition, est une religion à part entière et aussi respectable (ce qui est ma conviction intime, au demeurant) et d’autre part dire « mouhahahah, cette pauvre CoRS, avec sa terminologie bizarre, ses fautes typographiques, son expression maladroite ». Il en va là de notre cohérence à tous, il me semble. Je respecte par principe la marge, tout en me laissant le droit de la critiquer.
- Dernier point, qui m’éloigne de The Devil’s Fane : à lire certaines réactions de membres de TST sur Facebook, j’ai l’impression que la CoRS, en publiant des livres de développement personnel, leur semble faire quelque chose de mal, d’un peu méprisable. Cela appelle plusieurs remarques de ma part. La responsable du chapitre de Seattle de TST, Lilith Starr, a elle-même publié un livre intitulé The Happy Satanist, qui me semble intégrer cette dimension de développement personnel, jusque dans son titre. Et c’est très bien. Pareil à mon sens pour la CoRS. La chercheuse et au demeurant sataniste Amina Olander Lap a écrit un article, publié dans le recueil universitaire The Devil’s Party (OUP 2012), un article intitulé « Categorizing Modern Satanism: An Analysis of Anton LaVey’s Early Writings « , qui de mémoire souligne entre autre chose l’importance de la thématique du développement personnel dans le satanisme laveyen dès son origine. Plus largement, le satanisme semble aussi considéré par la plupart des membres de TST comme une religion du soi. Difficile en ces termes d’esquiver la question du développement personnel. Enfin et pour revenir à la CoRS, si en tant qu’ancien chrétien j’ai appris à me méfier d’un certain usage prosélyte des témoignages, j’ai été ébranlé par certains résultats obtenus par la CoRS à sa petite échelle: une victime de rupture d’anévrisme y puise la force de fonder une Eglise. Une femme battue trouve dans le satanisme rationnel l’inspiration nécessaire pour demander le divorce. Un semi paralytique y puise une source de persévérance dans ses efforts pour marcher à nouveau. Peut-être rien de révolutionnaire universitairement parlant mais des changements concrets profonds dans la vie concrète de personnes réelles. A mon sens un bilan très respectable, qui excuse à mes yeux quelques fautes d’anglais et de latin. Pour revenir à Ben Dean lui-même, il a écrit, comme je le disais, un livre où il explique le rôle du satanisme rationnel dans sa victoire personnelle contre l’alcoolisme. C’est un sujet que je crois connaitre et sur lequel je n’ai aucune leçon à lui donner et tout à apprendre de lui. J’ai été très dur envers lui dans ce billet, et j’espère qu’il persévèrera jusqu’à ces lignes finales, mais au delà des désaccords, je n’oublie pas qu’il a remporté un combat extrêmement dur, ce qui lui vaut toute mon admiration et mon respect. Ce pourquoi je ne peux cautionner certaines réflexions et certains mèmes méprisants qui lui sont adressés côté TST ces derniers jours.
Sorry I don’t speak French — I could try in Esperanto, if you like? — but for what my Anglophone comment on a Francophone blog is worth, I thought your essay was very even-handed and stimulating to read (even if it wasn’t translated perfectly by Google Translate.)
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